jeudi 2 janvier 2014

JOUR 5

Devant la scène centrale, Place de l'Indépendance, un couple danse sur la chanson d'Edith Piaf, Emporté par la foule.          Kiev, Ukraine, 2 janvier vers 14h57.
© Bruno Amsellem / Divergence

2 Janvier 2014. Dernier jour à Kiev. La place de l'Indépendance est restée très calme. Comme les jours précédents, on y écoute les discours et concerts qui s'enchaînent. Mais un, en particulier, retient notre attention au moment où nous arrivons. La voix d'Edith Piaf emporte la foule. De loin, nous apercevons une femme derrière le micro qui à l'air de l'imiter parfaitement. En se rapprochant, nous nous apercevons que ses lèvres sont en total décalage avec la chanson. Un play back vraiment grossier.
Seul un couple danse, peut-être en espérant emporter avec lui la foule statique qui regarde la performance de cette chanteuse ou plutôt de mime.
Le départ approche, nous laisserons derrière nous cette mobilisation, en espérant pouvoir revenir suivre la suite de cette révolution aux portes de chez nous....


JOUR 4


Manifestation de nationaliste pour célébrer la naissance de Stepan Bandera, fondateur de l'armée insurrectionnelle Ukrainienne. © Bruno Amsellem / Divergence

Manifestation de nationaliste pour célébrer la naissance de Stepan Bandera, fondateur de l'armée insurrectionnelle Ukrainienne. © Bruno Amsellem / Divergence

Avec un peu de retard, voici donc la suite du jour 4. Cette journée du 1er janvier, après une nuit du nouvel an qui a rassemblé plus de 200 000 personnes, a retrouvé son calme. Vers 18H au départ de la Place de l'indépendance, une manifestation est prévue pour célébrer le 105ème anniversaire de la naissance de Stepan Bandera, fondateur de l'armée insurrectionnelle et le dirigeant de l' Organisation des nationalistes ukrainiens. Plusieurs milliers de personnes, torches à la main, commencent à défiler. Au premier rang, deux religieux entourent une femme qui tient le portrait de Stepan Bandera, suivie d'une banderole tenue notamment par de jeunes filles portant une couronne de fleurs sur la tête. Un peu plus loin dans le cortège, le nationalisme plus radical fait son apparition. Des hommes vêtus d'uniforme militaires, cagoules vissées sur la tête, en rang et presque au pas ont tout de suite l'air beaucoup moins sympathiques.
A la fin de la manifestation, nous rencontrons Yevhen, 23 ans, étudiant en art. Pour lui, le nationalisme permet de s'opposer à la politique de Poutine et le parti Svoboda (parti nationaliste) est la seule force capable de tenir tête à Moscou. 
Rappelons quand même que le symbole du parti Svoboda était la croix gammée il y a encore 10 ans et que de nombreux membres sont d'ancien paramilitaires pro-nazis. 
Pour un 1er janvier, cette marche, alors que tous demandent à entrer dans l'Europe, fait un peu froid dans le dos.
Manifestation de nationaliste pour célébrer la naissance de Stepan Bandera, fondateur de l'armée insurrectionnelle Ukrainienne. © Bruno Amsellem / Divergence

Manifestation de nationaliste pour célébrer la naissance de Stepan Bandera, fondateur de l'armée insurrectionnelle Ukrainienne. © Bruno Amsellem / Divergence
 

mercredi 1 janvier 2014

JOUR 3 - 4



Devant la scène centrale, Place de l'Indépendance. Kiev, Ukraine, 31 décembre 2013 vers 23H38.
© Bruno Amsellem / Divergence
Devant la scène centrale, Place de l'Indépendance. Kiev, Ukraine, 31 décembre 2013 vers 00H00.
© Bruno Amsellem / Divergence


Ce soir, pour le nouvel an, la foule est au rendez-vous. La place de l'Indépendance est noire de monde. Au premier rang, au pied de la scène, un groupe de femmes toutes générations confondues, écoute le concert avec des yeux à la fois émerveillés et remplis d'incertitudes, tournés vers l'avenir pour que la page de l'année 2013 se tourne. Ça y est, minuit sonne, cris et sourires sont sur tous les visages au milieu des accolades. Des artistes chantent, tout le monde à l'air uni d'un seul homme pour la même cause. Celle d'un futur meilleur pour l'Ukraine. Un peu plus loin, un couple reste enlacé de longues minutes.
Nous nous frayons difficilement un chemin pour trouver d'autres points de vue.
Un enfant, debout sur des poubelles, danse au rythme de la musique, il arbore un bonnet et une écharpe aux couleurs de l'Europe.
Vers 3h00, nous rentrons à l'hôtel pour nous aussi fêter cette nouvelle année avec une bouteille sortie de nos bagages. Toute la nuit, le concert nous réveillera régulièrement.
Enfin endormis, vers 8h00 du matin, un bruit nous réveille dans la chambre. Un voleur était venu nous rendre visite pour ce premier jour de l'année. Il était accroupi, le nez dans nos sacs puis essaye d'ouvrir une pochette à scratch. Le bruit nous réveille, je saute du lit en lui criant dessus pour l'effrayer puis lui cours après en dévalant les 10 étages de l'hôtel pieds nus, vêtu d'un simple caleçon. La scène me paraît surréaliste. Dans la course poursuite, il fera tomber nos téléphones portables qu'il avait réussi à nous dérober mais perdra aussi le sien. Il réussira à s'enfuir malgré les gardes de sécurité qui ont eux aussi essayé d'arrêter sa course. Je remonte rapidement dans la chambre pour faire l'inventaire de nos affaires. Tout est là.
En reprenant mes esprits, je m'aperçois que je me suis foulé le pouce du pied qui est déjà enflé.
Epuisés, nous reprenons finalement notre nuit ou nous l'avions laissée.
Ce premier jour de l'année 2014 aura été bien mouvementé. Il est temps de retourner sur la place où une manifestation est prévue.
Bonne année 2014 à vous tous et à demain pour le dernier jour de notre voyage.
Concert sur la scène centrale, Place de l'Indépendance. Kiev, Ukraine, 31 décembre 2013 vers 00h28.
© Bruno Amsellem / Divergence

Devant la scène centrale, Place de l'Indépendance. Kiev, Ukraine, 31 décembre 2013 vers 1H17.
© Bruno Amsellem / Divergence

Place de l'Indépendance. Kiev, Ukraine, 31 décembre 2013 vers 1H48.
© Bruno Amsellem / Divergence

 Place de l'Indépendance. Kiev, Ukraine, 31 décembre 2013 vers2H06.
© Bruno Amsellem / Divergence
 Place de l'Indépendance. Kiev, Ukraine, 31 décembre 2013 vers 2H58.
© Bruno Amsellem / Divergence

mardi 31 décembre 2013

JOUR 3

Séance photo souvenir place de l'Indépendance. Kiev, Ukraine, 31 décembre 2013 vers 14h41.
© Bruno Amsellem / Divergence
Séance photo souvenir place de l'Indépendance. Kiev, Ukraine, 31 décembre 2013 vers 14h44.
 © Bruno Amsellem / Divergence


Pour le dernier jour de l'année, le brouillard a envahi la ville. Sur la Place de l'Indépendance, la foule ne se presse pas, le mouvement à vraiment l'air de s'essouffler. Peut-être gardent-ils leur forces pour cette nuit ?
Comme hier, quelques uns viennent se faire prendre en photo, ou tout simplement observer ce qui se passe. Dans la nuit, la scène centrale s'est agrandie pour accueillir les chefs de l'opposition et les différents groupes de musiques qui se succèderont pour fêter le nouvel an.
Au milieu d'une avenue, en direction des grands magasins, la circulation est coupée par les barricades, une table de ping pong a été improvisée, autour de laquelle deux jeunes ont l'air pris dans une partie des plus sérieuses. Au pied de la scène, malgré le froid, une poignée d'irréductibles écoutent avec attention les discours des opposants.
La nuit tombe vite, vers 16h30, les fumées sortant des braseros se détachent dans la lumière.
De retour à l'hôtel, un peu frigorifiés, nous entendons le son des chants qui viennent de la scène et quelques pétards commencent à résonner. Il va être temps de retourner voir ce qu'il se passe.....
Nous vous souhaitons à tous de bonnes fêtes pour cette nouvelle année. A demain.

Devant la scène centrale durant les disours place de l'Indépendance. Kiev, Ukraine, 31 décembre 2013 vers 15h36.
© Bruno Amsellem / Divergence

Match de ping pong sur l'avenue menant à la place de l'Indépendance. Kiev, Ukraine, 31 décembre 2013 vers 16H03.
© Bruno Amsellem / Divergence

Barricade place de l'Indépendance. Kiev, Ukraine, 31 décembre 2013 vers 15h08. © Bruno Amsellem / Divergence

 place de l'Indépendance. Kiev, Ukraine, 31 décembre 2013 vers 17h27. © Bruno Amsellem / Divergence

lundi 30 décembre 2013

JOUR 2

Sortie en famille devant les barricades de la Place de l'indépendance. Kiev, Ukraine, 30 décembre 2013 vers 15H34              © Bruno Amsellem / Divergence

  
Scrat, l'écureuil de l'Age de glace,  Place de l'indépendance. Kiev, Ukraine, 30 décembre 2013 vers 13H18.                             © Bruno Amsellem / Divergence
Aujourd'hui, sur la Place de l'Indépendance, il y a beaucoup moins de monde.
C'est le début des vacances. Les opposants au gouvernement viennent en famille ou entre amis, se prennent en photo devant les barricades, des pères Noël essayent de gagner un peu d'argent, un panda se repose au pied d'un statue et même Scrat, l'écureuil tout droit sorti du dessin animé l'Age de glace, tente d'offrir un gland aux passants. D'autres, immobiles, écoutent inlassablement les différents discours  de ceux qui prennent la parole sur scène.
Sur les barricades, l'attente paraît longue. On y dort, mange, chante un peu pour se réchauffer. Un homme tue le temps en taillant un pied de table pour se fabriquer une batte. Le but est de surtout bien garder la place. Leurs revendications en dépend.
Après plusieurs heures d'errance, nous rencontrons Hlib, 19 ans, étudiant en école de journalisme à Kiev. Il est venu vers nous spontanément et nous a proposé de l'aide pour la traduction. Nous avons  donc rendez-vous avec lui demain, pour le 31 décembre, dernier jour de l'année. Il nous dit qu'un grand concert pacifique est prévu ainsi qu'un partage de spécialités ukrainiennes.
De retour à l'hôtel, comme la nuit dernière, le son de la scène centrale traverse toujours nos fenêtres. Comme la nuit dernière, cela durera toute la nuit.

Des opposants au gouvernement écoutent les discours des intervenants sur la scène de la  Place de l'indépendance.             Kiev, Ukraine, 30 décembre 2013 vers 13H51. © Bruno Amsellem / Divergence

Repos sur l'une des barricades de la Place de l'indépendance. Kiev, Ukraine, 30 décembre 2013 vers 13H58.                            © Bruno Amsellem / Divergence

Repos sur l'une des barricades de la Place de l'indépendance. Kiev, Ukraine, 30 décembre 2013 vers 14H01.                            © Bruno Amsellem / Divergence
Barricades de la Place de l'indépendance. Kiev, Ukraine, 30 décembre 2013 vers 19H02.  © Bruno Amsellem / Divergence

 
 Place de l'indépendance. Kiev, Ukraine, 30 décembre 2013 vers 19H38.  © Bruno Amsellem / Divergence

dimanche 29 décembre 2013

JOUR 1 -SUITE

20H00, Retour à l'hôtel.

Environ 50 000 personnes se sont mobilisées Place de l'indépendance pour dénoncer l'agression de la journaliste Tetiana Tchornovol. Kiev 29 décembre 2013 vers 13H00. © Bruno Amsellem / Divergence
Olga, pianiste ukrainienne, vit entre la Belgique et son pays natal. Place de l'indépendance devant l'une des nombreuses barricades. Kiev 29 décembre 2013 vers 15H30. © Bruno Amsellem / Divergence

Cet après-midi, environ 50 000 personnes se sont rassemblées place de l'Indépendance. Les différents chefs de partis de l'opposition se sont succédé sur la scène centrale pour dénoncer l'agression de la journaliste Tetiana Tchornovol. Avant tout, pour commencer à travailler, il faut rejoindre le centre de presse pour récupérer notre accréditation qui nous permettra de passer les barrages. Là, deux hommes plutôt peu rassurants, vêtus d'habits militaires, menottes à la ceinture,  nous escortent jusqu'au bureau après m'avoir demandé d'éteindre mes boîtiers. Accréditation en poche, nous partons enfin pour découvrir ces camps de tentes ou les braseros fument un peu partout. Après plusieurs tentatives pour trouver quelqu'un qui parle anglais, nous sommes attirés par cette femme qui tiens un drapeau belge dans les mains. Olga a 61 ans et son anglais est parfait, la discussion est engagée. Cette pianiste ukrainienne vit entre la Belgique et son pays natal. Elle a prévu de rester là jusqu'en mars prochain pour se mobiliser comme elle l'avait déjà fait en 1991 pour la proclamation de l'indépendance de l'Ukraine ou encore en 2004 lors de la révolution orange. Sous sa toque de fourrure, elle nous explique que le gouvernement actuel est trop corrompu, ses espoirs démocratiques sont restés sans lendemain. Olga redoute que l'Ukraine soit emprisonnée par l'aide financière de la Russie (quinze milliards d'euros) mais surtout l'éventuel arrêt de la mobilisation de Maidan qui selon elle, mènera tous les opposants en prison et signerait le début d'une nouvelle guerre froide. Aujourd'hui, elle souhaite que l'opposition reste soudée et que le pouvoir en place tombe, pour que son pays reste maître de son avenir.
 De retour à  l'hôtel, le son de la scène et ses groupes de musique qui s'enchaînent résonne encore dans la brume qui a recouvert la place.


Place de l'indépendance vue depuis l'hôtel Ukraine.Kiev, 29 décembre 2013 vers 20H00. © Bruno Amsellem / Divergence



JOUR 1

Maïdan Nezalejnosti, Place de l'indépendance ou les pro européens manifestent depuis le 21 novembre.                                   Kiev, 29 décembre 2013 vers 8H00. © Bruno Amsellem / Divergence                                

 

5h00, notre avion atterrit à l'aéroport international de Kiev. Après une nuit blanche, nous sortons dans le froid ukrainien, 0° au thermomètre.
Nous sautons dans un taxi pour rejoindre l'hôtel Ukraine qui se trouve à Maïdan Nezalejnosti, la place de l'Indépendance, dans le centre ville de Kiev. Le chauffeur nous dit qu'il ne sait pas s'il pourra nous conduire jusque-là à cause des barricades, puis plus un mot. Sur la route, nous apercevons déjà des rangées de policiers avec des boucliers en métal d'un autre âge. 
Finalement, après 20 minutes, nous arrivons au pied de l'hôtel, un énorme bâtiment de 16 étages aux allures soviétiques. Même le personnel d'accueil se fond dans le décor. Notre chambre, au 10ème étage, nous offre un point de vue imprenable sur la ville et surtout sur la place de l'Indépendance. Celle que nous avons aperçue tant de fois à la télé et dans les journaux depuis maintenant plus d'un mois.
6H00, épuisés, nous décidons de dormir un peu, malgré le son qui monte de la place, où un groupe se produit déjà sur scène. Au réveil, nous découvrons avec le lever du soleil le point de vue que nous offre notre minuscule balcon. Ce sera la première photo.
Cet après-midi, une nouvelle manifestation massive est prévue, la sixième depuis le début des contestations, des dizaines de milliers de personnes sont attendues. Il est temps de partir découvrir cette situation et surtout toutes ces personnes qui dans le froid, campent jour et nuit pour faire entendre leur voix.....